APÉRITIF DINATOIRE

APÉRITIF DINATOIRE

Au temps des apéritifs dinatoires
À chaque fois, c’est la même histoire :
Au grand jamais tu ne sais où t’asseoir
Où poser le « prose » ?… Tu dois surseoir !
Puis, malgré tout, tu t’essaie à boire.
Gestes précis, afin de ne point déchoir.

Difficile ! Impossible ! C’est l’foutoir !
L’truc qui, des p’tits fours est le nichoir,
Patatras… Bêtement Tu le laisse choir
Et ça, juste à l’instant – Sacré bonsoir !
Où la poupée assise sur un accoudoir
Portant escarpins, de vrais perchoirs.
Et une jupe qui n’est qu’un mouchoir
Te sourit, entrouvrant les mâchoires.

Les avances finissent dans le tiroir
Quel four !… Et un four avec bouchoir
La drague aussi, tu peux laisser choir.
Alors, dépité, tu t’mets à boire et reboire.
Ta tête en siffle : une vraie bouilloire.
Et puis merde à tous les apéritifs dinatoires !

Le p’tit Théâtre

Le p’tit Théâtre

La ColombeThéâtre de la Colombe2

La Colombe : un tout p’tit théâtre
Qui niche dans un jardin folâtre
Par la grâce d’un couple opiniâtre
Contraire des ronds-de-cuir grisâtres.

La Colombe reçoit des bateleurs
Une grappe de chanteurs de valeurs
Que des artistes plein de chaleur
On y rencontre même des persifleurs.

Si ce théâtre n’est pas immense
Le faire tourner est une performance.
Il mérite donc grande et belle affluence
À chacune de ses magnifiques séances.

Zirkka et Rodolphe sont des mordus,
Les deux, de spectacles, sont éperdus
Et quel que soit l’genre, tous confondus.
Oui, oui ! Même les plus inattendus,

Un très grand merci de faire vivre ce lieu
Tous y sont reçus gentiment et au mieux !
Par deux personnages simples et merveilleux
Qui n’ont vraiment point froid aux yeux.

Père Siffleur / mai 2016

La Colombe 2

 

La Colombe

http://www.theatre-colombe.ch

Mise en boîte, en châsse ou encore le « Vieil art d’accommoder les restes »

Mise en boîte, en châsse ou encore le « Vieil art d’accommoder les restes »

jaccard-463x990 (2)

Pas beau ! Peut-être ! D’accord ! Soit !
Pourtant moult Dames en restent coites.
Et trouvent sa quête artistique fort adroite.
Il en est même qui seraient un peu moite.
Ah ! Vous trouvez la tournure inadéquate ?
Possible ! Son interprétation reste étroite,
Alors, disons qu’il les met toutes en boîte
Et que ces Dames en restent benoîtes
Tel le bambin devant un singe alouate.
Ou tel celui qu’on coucherait dans l’ouate.
L’artiste, lui, propose moult trucs en boîte.
Conserves dont personne n’a l’ouvre-boîte.

******33

Qu’il s’agisse de vieilles ou décrépies carcasses
Et de vils objets tout justes bons pour la casse.
Dans un premier temps, l’artiste les amasse.
Puis, nous les fait découvrir, présentés en châsse.
Par magie, les insolites œuvres irradient. La classe !
Bien que composées de trucs dont tu te débarrasses,
Tu touches du doigt, ta propre bêtise… crasse.
Les brimborions mis en valeur reprennent grâce.
Aux vitrines des œuvres, il ajoute légères crasses.
Restitue ainsi des images légèrement fugaces
Que tu observes à travers une série de glaces,
Ça gêne les esprits n’en ayant aucun. Ils s’en agacent.
Pour le bien-pensant, les rebuts, c’est l’angoisse.
Quoi ?… Accommoder de vieux restes ! C’est trop d’audace !

Père Siffleur / avril 2016

* Exposition d’André Jaccard à la Galerie Arts et Lettres de Vevey (2008)

André Jaccard

Une pinte bien de chez nous

Une pinte bien de chez nous

Pinte Besson

Vin et autres roboratives boissons :
Vous les trouverez à la Pinte Besson
Ollon, Épesses ou même Calamin.
Vous seront servis en un tournemain
Par deux jeunes femmes fort amènes.
La Blonde se prénomme Hélène,
La Brune, jolie trotte-menu,
Porte le petit nom de Manu.-
Et par un garçon sympa, jeune gars
Qui servira aussi bières et pastagas.

*****

Bien entendu, comme il se doit,
Le Patron est presque vaudois.
Même si c’est Carlos son prénom
Il est bien d’chez nous ! Crénom !
Tous les habitués le connaissent
Ce Grand-Maître du « bisenesse ».
Soiffards, saoulards et autres zèbres
Qu’ils soient quidams ou célèbres,
Sans aucune forme de discrimination
Il les accueille dans leurs libations.

*****
On y voit même de vrais artistes
Et jusqu’à peu, un contrebassiste.
Peintres, photographes, écrivains.
Point commun : buveurs de vin.
Intellectuels, réels ou pseudos érudits
Que jamais personne n’a contredit.
Des rentiers, là pour ne point s’emmerder,
Et ressortant en faisant des embardées.
Un ancien portant toujours cravate.
Un ou deux véritables traîne-savates.

*****

Gens simples aux vies compliquées,
Syndicalistes sans rien à revendiquer,
Politiciens qui, puisque revenu de tout,
Restent à boire pinard et un peu de tout.
N’étant pas forcément du même bord
Y a qu’sur la boisson qu’ils sont d’accords !
Vieux buveurs rêvant à leur jeunesse,
Aux propos pas toujours de grande finesse.
Quelques dames qui, gentiment, papotent
Attendant qu’le p’tit verre bu les ravigotent.

*****
Et puis, d’autres, accoudés au bar
Racontant leurs exploits, des jobards
Ou alors d’anciens soixante-huitards.
Avec au moins une guerre de retard.
Un ou deux réacs, un chouia fachos
Mais, heureusement, plutôt manchots
Avec une tronche rubiconde d’alcolo,
Ou celle de clowns pas franchement rigolos.
Ils s’enfilent moult décis dans le gosier
Se racontant… En un énorme sottisier.

*****

Parfois ça fouette un peu la fondue
Oui, car ici, toutes races confondues,
À même le caquelon, on déguste
Le fromage de cette recette robuste.
L’été, sur la terrasse du caboulot
Le personnel a un sacré boulot.
La bière mousseuse coule à flot.
C’est tout bon pour le cash-flow.
Le patron, lui, s’en frotte les mains.
Les habitués, eux, en restent au Calamin.

Pinte Besson 2

Ode héroïque à l’attention d’un Père-malin ou alors, de M’sieur Parmelin?

Ode héroïque à l’attention d’un Père-malin ou alors, de M’sieur Parmelin?

Le dernier agnoti élu est vaudois,

Donc vignolan, comme il se doit.

Oui, le guelu produit du picrate.

Fait accroire qu’il est démocrate.

Son patronyme c’est Parmelin

Et Bursin le nom de son patelin.

 ***

Conseiller Fédéral, il est devenu

Ce qui fera grimper ses revenus.

Permet aussi à ce fédéral aguillage,

Qu’ l’église reste au milieu du village.

Et qu’la droite dure puisse conclure

Qu’notr’panoss’ rest’sur sa berclure.

 ***

À la capitale, au Grand Palais Amiral

Où s’trouvent les Canfouines Fédérales

Quatre ans au moins, l’pommeau gogera

Et là-d’ans, tranquillement, il yoyotera.

Il nous contera milles et un bobards,

Nous prenant tous pour des jobards.

 ***

De l’Europe, doctement, il batoillera,

Dans une belle choucroute pédalera,

En nous fourguant moult cassibrailles.

Personne n’aura l’fion d’dire qu’il déraille.

Il voudra faire cupesser tous les étrangers

Toute l’épéclée, car y a risque de s’mélanger.

 ***

Étant un des boss dans l’organigramme.

Il fera le fier et se montrera stramm.

Et pourtant, pas vraiment ne le sera,

C’est bien ailleurs qu’la politique s’fera.

D’où on lui dira le «comment-pourquoi»

Et à la botte de quelqu’s bons zurichois.

 ***

Car l’UDC ne va pas le laisser gouverner

Sans, que fermement, il ne soit materner.

Aux affaires militaires, il préparera la sauce.

Avec le doigt sur la couture de ses tsausses.

Oui, celle des canons repassés du pantalon.

Çui qu’j’espère, il porte encore à la maison.

 ***

Car, si là, point ne le portait, qu’se soit sa fegniole,

Ne lui resterait alors qu’à s’canfrer à coups d’gnole,

Nulle part, il ne serait véritablement le chef,

Si chez lui, le miquelet devait obéir derechef.

Mais, jamais Parmelin n’va quinter, c’est un malin,

Dans son patelin, ils sont tous matois et patelins.

*********

À gauche le visage politique très à droite du nouveau CF et à droite le visage patelin (et pas très malin?) d’icelui.

Pour les ceusses qui n’entraveraient pas la tchatche vaudoise (ou même romande), retrouvez les expressions non comprises sur le site suivant: 

http://topio.ch/dico.php

Je remercie vivement le Topio (qui ne doit pas l’être vraiment) qui m’aura permis d’augmenter le nombre de «vaudoiseries» dans l’ode écrite à la gloire celui qui s’imagine être le plus important des Vaudois et n’est que le pantin de quelques Zurichois.

Le mécano et le médico

Le mécano et le médico

Le mécano répare une belle moto

Il en retire le moteur et la magnéto.

Arrive le proprio d’la grosse bécane

En mécanique, ce dernier n’est qu’un âne

Mais en chirurgie c’est vraiment un as

Un toubib reconnu et des plus efficaç’s.

Le mécano l’apostrophe familièrement.

Et lui demande en souriant légèrement :

Doc, j’peux vous poser une question ?

Regardez votre machine en réparation:

J’y ai enlevé toute une série d’organes

Afin de la réparer de manière idoine.

Lorsque j’aurai tout remis en place

Remonté le moteur et la culasse

L’engin sera comme une moto neuve

Une fois prête, vous en aurez la preuve.

 En fait, nous avons le même boulot.

Moi, ici au fond de mon petit caboulot

Et vous dans votre grand et bel hôpital

Et tandis qu’vous augmentez votre capital

Moi je n’ai que dettes et maigre salaire !

Expliquez-moi donc toute cette affaire !

Très facile ! Répondit le grand médecin :

Essayez donc, vous l’habile mécanicien,

De travailler ainsi que dans ma démarche,

Pendant que le tout est encore en marche !

coeur de la machine

Le cœur de la machine avec les deux artères « aorte et pulmonaire »

LA COMPLAINTE D’UN BANQUIER, « PETIT FRÈRE » DE MADOFF

LA COMPLAINTE D’UN BANQUIER, « PETIT FRÈRE » DE MADOFF

Lorsque sur le vieux banc, je m’assois

Vis-à-vis de ma banque, à Saint-François*

Ne suis plus qu’un homme sur son banc

Qui se souvient de sa vie de vieux forban.

 

Alors, j’égrène les miettes de ma gloire,

Tout autour de moi, sans aucun espoir.

Des miettes que les pigeons picorent,

En en redemandant. Encore, encore.

 

Ils ne me lâchent plus, ils se vengent

Et ma gloire en miette ils la mangent.

Également pigeons étaient mes clients

Et longtemps, j’ai vécu en les spoliant.

St-François

* Saint-François n’a jamais été banquier. Pourtant, à Lausanne, la Place qui porte son nom est celle des banques.

(Malgré les fusions à répétitions, elles restent deux sans compter la Poste et son organisme financier (Postfinance) devenu également un des cinq « too big to fail » de notre belle Helvétie.)

Les voyageurs

Les voyageurs

Le train part de Genève, direction la France,

Pour trois voyageurs le périple commence,

Deux francophones et un Suisse-Allemand

Qui sont assis dans le même compartiment.

Le Germanophone parle bien notre langue

Avec ce petit accent qui a l’allemand pour gangue.

L’homme engage la conversation et demande,

En un parler compris de toute la Suisse-Romande:

Pardon Messieurs ! De quel côté allez-vous ?

Avec mes excuses. Je suis curieux, savez-vous !

 

Les deux Messieurs se font un signe de l’œil

Et à cette question, ils présentent vilain accueil.

Le premier: – Je vais à «ParisS» avec deux « S »

Et pas uniquement pour affaire, je le confesse !

L’autre: – Et moi, «BordeauxX», avec deux « X »

Visiter cette belle ville est, pour moi, une idée fixe.

Et pour vous, Monsieur, quel est votre destination ?

Sans se fâcher des deux moqueries à son intention,

Aux germanophobes, le voyageur Suisse-Allemand

Tranquillement et en articulant fort distinctement:

Personnellement, je vais descendre à Mâcon!

 – Oui, Mâcon ! Je vais à Mâcon… avec deux «con» !

suisse allemand

Merci à Mix & Remix qui pourrait être l’enseignant de son dessin: en suisse-allemand on ne dira pas « Nein ! », mais « Nei ! »

Saucisse et vengeance se mangeront froides.

Saucisse et vengeance se mangeront froides.

Et pour la saucisse ce n’est même pas certain !

Bière en main, un homme, véritable macho,

Reste vautré dans son hamac. Il fait si chaud !

Il imagine être un vrai mec, du genre très viril

On est en plein été, c’est la saison des grils.

Midi. Sur la grille, Madame prépare la pitance.

Le mâle affalé, ne lui prête aucune assistance.

rotibeauf

La muflerie crasse du beauf n’a aucun frein

À sa femme, il tient à peu près ce refrain :

Dis donc bobonne !… La largeur de ton cul

Est aussi imposante que celle du barbecue.

Madame reste de marbre, point ne s’énerve,

Garde simplement sa vengeance en réserve.

*****

Fin de soirée, le couple se retrouve au plumard,

Madame tourne le dos à son affreux zigomar.

Lui ne veut point dormir, il a autre idée en tête.

Du popotin rebondi de Madame se met en quête.

Alors se retournant, à l’oreille, elle lui murmure :

Non, mon bonhomme ! T’as qu’à avaler du bromure !

– T’imagines pourtant pas que ça vaille l’exercice,  

De vouloir r’mettre le feu au gril pour si p’tite saucisse !